L’Ukraine a planté son drapeau dans le Limbourg belge
C’est un joli coup. Avec un Su-27 orné du blason ukrainien de St Volodimir, vous hypnotisez 40.000 spectateurs, et suspendez (momentanément !) la vente d’un livre qui ne montre que les avions de la Russie rivale.
15 septembre 2019 : séance de dédicaces de livres au Sanicole Airshow en Belgique. C’était le 43e meeting organisé par l’aéroclub Sanicole, avec le soutien de la base de Kleine Brogel. L’aérodrome se trouve à quelques kilomètres à l’est de Leopoldsburg, dans la belle province boisée du Limbourg, en pleine Région flamande. Une région où il est si agréable de circuler en traversant les anciens bourgs miniers de brique rouge. Leopoldsburg fut aussi, en 1944, le point de départ des divisions alliées lancées sur la route d’Arnhem, à la conquête du fameux « Pont trop loin » raconté par le film de D. Zanuck.
Je suis accueilli par le très efficace Aviation Bookshop qui m’a installé une belle table à l’entrée de sa tente. Toute la journée, des lecteurs belges, luxembourgeois, et allemands se succèdent pour la signature. C’est encourageant de la part de clients qui ne lisent même pas le français. « Cerise sur le gâteau », un chinois choisit, lui aussi, le livre « AIRSHOW », après avoir découvert, en le feuilletant, qu’au salon de Zhuhai, nous étions sans le savoir, à quelques mètres l’un de l’autre, sur le même « spot », pour faire nos images de J-20. Finalement, nous aurons réussi à nous parler ici, dans la campagne du Limbourg, 11 mois plus tard : le monde est petit.
Dès 10h00, sous un soleil radieux, et 24°C, les démonstrations en vol commencent. Jusqu’à 16h00, une chose me surprend : la plupart des visiteurs ne sont pas très attentifs aux démos. Cela aurait été presque irrévérencieux pour le pilote du F-16 belge, si il n’y avait pas eu trois rangées de photographes le long de la piste en herbe pour lui rendre justice. En fait, à l’égal des anglais, les belges ont l’habitude des meetings et ils les vivent avec flegme. Ils font leur marché, profitent des frites, des maquettes, et des portes-clefs. Sanicole est une boutique. Le plus réjouissant est de voir autant d’enfants, habitués à cet exercice dominical avec un casque anti-bruit, une glace, ou une sucette au bec.
Vers 16h00, le commentateur annonce l’arrivée du Su-27 de l’armée de l’air d’Ukraine pour sa présentation en vol. Il est piloté par le colonel Alexandre Oksanchenko. Là, quelque chose me surprend : toutes les personnes présentes sur la manifestation s’arrêtent là où elles se trouvent, et observent la démonstration puissante et élégante du Su-27. On dirait que le temps s’est arrêté : presque plus personne ne bouge. Les gens sont hypnotisés. Certains prononcent des mots élogieux. Moi, je dis красивый, (magnifique) en russe. En 20 mn de démo, je fais quelques photos. Le Su-27 au camouflage pixellisé s’éloigne, et là, les gens reprennent tous vie : c’est magique.
Alors, jusqu’à la fin de la journée, les gens se sont mis à parler de l’Ukraine, comme si le pays les avait toujours intéressés. Au diable enfin, les clichés négatifs : c’est bien l’effet « soft power » expliqué dans le livre « airshow ». Je croyais que l’Ukraine n’intéressait personne. Mais je sais aussi, que lorsque les gens ont vu qu’il n’y avait pas de Su-27 ukrainiens dans mes livres, mais seulement des russes, là, ils se sont arrêtés de l’acheter ! C’était magique, ça aussi …
En tous cas, le col. Oksanchenko aura réussi un joli coup pour son pays, en plantant le drapeau ukrainien devant plus de 40.000 personnes, dans le Limbourg. Moi, j’ai quitté Léopoldsburg, satisfait des signatures, de savoir aussi, qu’un exemplaire de mon livre voyageait avec China Airlines, et puis, une idée très spéciale m’est venue pour achever le synopsis du prochain opus.
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