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Buck Danny 53 : des Flanker pilotés par des Yankees. 11/16/2013

 

 

Dans le monde de la BD, comme dans la photo : quand les avions US du dernier cri, ne font plus rêver. Des Flanker pour le meilleur.

  Le 53e album des aventures de Buck Danny, « Cobra noir » vient d’atterrir dans toutes les  librairies. Racontés par le scénariste Frédéric Zumbiehl, ex-pilote sur F-8 FN dans la  Marine Nationale, et dessinés par Francis Winis, nos amis pilotes de chasse américains, ouvrent l’album en appontant avec des Super Hornet bien d’actualité, pour aborder une de ces aventures dont ils raffolent, mêlant l’aéronautique à la politique fiction, et aux actions spéciales. On constate d’emblée, que nos héros n’ont toujours pas pris la moindre ride, depuis plus de soixante ans de services « embarqués » dans la BD. Et n’est-il pas curieux, de voir combien les héros de la culture populaire ne vieillissent jamais.Pourquoi, au juste, peut-on s’intéresser à cette BD ? Parce que malgré leur caractère tout à fait fictif, le Colonel Danny, et ses deux associés, Sonny, et Tumbler, tous américains, sont donc les pilotes de chasse les plus célèbres de France ... Rares en effet, sont les aviateurs de notre pays qui, lors d’interviews, n'ont pas raconté, qu’ils ont

rêvé de leur métier, étant enfants, en feuilletant un Buck Danny. Car après tout, ces albums ne sont rien de plus, que des planches de dessins figés pour longtemps. On peut s’interroger sur la puissance d’un dessin et de quelques bulles, sur des générations consécutives de têtes blondes, surtout quand on regarde les 40 premiers volumes dessinés par Victor Hubinon, créateur de la série avec le génial Jean-Michel Charlier. C’est dire, si Buck Danny a dû attendre son 41e épisode sous la houlette de Francis Bergèze, pour que les planches atteignent la perfection tant dans les petits détails, que dans la mise en couleurs.

Mais voilà, nos amis, qui en fait, rappelons-le .., sont des pilotes de Air Force détachés auprès de la Navy …, (oui c’est un peu compliqué), ont déjà épuisé tous les cockpits de jets navals américains qui puissent faire rêver les lecteurs de France et de Belgique. Et les nouveaux auteurs ont semble-t-il, observé de près le Boeing F-22 Raptor sous tous les angles, et je me suis demandé si eux, l’ont trouvé aussi peu élégant que moi-même (sic...). Justement, n’est-ce pas, de manière inconsciente, pour cette raison, qu’ils décident de faire abattre un Raptor par la défense ennemie, en première page de l’album 53, comme pour jeter un sort à ce type d’avion plutôt disgracieux ? Aussi, sur les pages qui suivent, au lieu de voir Buck et ses amis aux commandes de F-35 dernier-cri, comme on aurait dû s’y attendre, à ce stade de la série…, on les re-découvre sur F/A-18 Super Hornet. Donc, jusque-là, je suis plutôt rassuré, car après tout, je me suis posé la même question dans cette BD, qu’en photographie : franchement, que pourrait-on faire avec des jets US de 5e génération, sur de beaux dessins ? Car si on recherche les valeurs sûres du design US légendaire,  vous conviendrez, qu’il vaut mieux retourner à l’époque du F-4U ou du P-40, ou sous la guerre du Viet Nam avec le F-4 : avec tous ceux-là, on est certain de ne pas se tromper, et de régaler le public avec une mythologie bien américaine.

Quelques pages plus loin, on s’enfonce dans un scénario distrayant, et très inspiré par l’actualité de la lutte contre la prolifération nucléaire en Asie Centrale. Nos héros sont maintenant sur des Su-27 et un Su-34, au départ d’une base cachée au Turkménistan, et le plus surprenant, c’est que ces américains vont continuer à voler sur Flanker jusqu’à la fin de l’album. On pardonnera facilement le catapultage d’un Flanker au départ d’un porte-avions US (!), ce dernier étant doté d’une rampe de décollage du même type que le Zuznetsov soviétique …  Eh oui, on ne pouvait pas trouver mieux que des Sukhoi pour une histoire de chasseurs, même si c’est assez audacieux de les affecter à trois pilotes de l’USAF. Ensuite nous allons tout pardonner, car ils sont formés par une belle israélienne, ce qui contribue à rendre cette affaire plus crédible. On imagine assez bien, que les israéliens aient accès à des Flankers, ils sont adroits, de nature, dans l’acquisition de ce genre de matériels. Au fond, je me suis demandé, ce qu’un auteur, quel qu’il soit.., pourrait bien trouver de mieux que des Flankers pour réaliser une BD d’aviation militaire contemporaine ? Peut-on trouver, de nos jours, à la fois plus esthétique et puissant, qu’un Flanker, au royaume des beaux avions de chasse.

Au final, dans « Cobra Noir » les auteurs semblent valider les constats qui sont les miens : soyons sérieux, comment pourrait-on faire des livres d’avions militaires en ne s’intéressant à rien d’autre qu’aux engins de l’OTAN futuristes - ou futurisants - , drones, ou autres pseudo-OVNI étranges, qui tous, autant les uns que les autres, ressemblent bien plus à des « space ships » issus d’une invasion extraterrestre …, qu’à des avions pilotés par des personnages, voire des héros, qui ressemblent encore à des êtres humains ? A moins de retourner au temps de Blake and Mortimer … Mais du temps de Edgard P. Jacobs, le public était rassasié, voire blasé, par les prototypes d’avions qui sortaient chaque semaine des usines : cette situation est loin de ressembler au contexte déprimant, en 2013, de la fermeture des bases en Europe ... C’est ainsi que Jacobs nous avait imaginé – voire prédit - un futur sur des ailes volantes des plus disgracieuses, pour vendre la nouveauté qui faisait rêver. Ce qu’il avait dessiné est devenu notre monde contemporain, avec par exemple, le Northrop B-2, qui pardonnez-moi, sur une photo, ne ressemble à rien d’autre qu’à une sinistre raie volante. Mais avec le dessin de BD, comme avec la photo, en voyageant, on réapprend tous à rêver aux designs raffinés. Et c’est encore plus facile d’y parvenir, lorsque le scénariste situe les acteurs de l’histoire dans une trame un peu géopolitique, dans une région si mystérieuse auprès du public francophone : cette Asie Centrale, épicentre de futures rivalités militaires entre puissances agissantes dans la région. Merci messieurs les auteurs de « Cobra Noir », d’avoir été si bien inspirés.


 

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