Nous venons de regarder très attentivement "Air & Lumière ", le dernier film réalisé par Lionel Charlet ( www.lionelcharlet.com ), et produit par VPS Prod à Lausanne. ( www.vpsprod.com ).

Ce documentaire de 52 mn est une rétrospective d'auteur sur la saison meetings 2007 en Europe. Lionel Charlet a filmé le " Paris Air Show ", MAKS (à Moscou), et une sélection de grands spectacles choisis pour la beauté de leurs décors alpins.

Depuis près de dix ans, Lionel Charlet propose des moyens métrages aux contenus plutôt inhabituels par rapport aux standards du documentaire d'aviation. Pour " Air & Lumière ", le réalisateur applique le même principe que pour ses films précédents, en nous offrant son propre regard du ciel, au lieu de données techniques sur les avions ou la science du vol. En outre, ce regard se traduit pas le biais de la caméra détaillant l'émerveillement des spectateurs s'exprimant sur leurs visages. Cette production nous fait grâce de commentaires didactiques et catalogués, trop longs et récurents, qui, dans tant d'autres films, endorment le spectateur. Il faut dire qu' " Air & Lumière ", n'intègre aucun commentaire : l'objectif principal de ce film est de susciter l'émotion. Les images sont bien cadrées, la lumière est magnifique, les couleurs prodigieuses, et la bande son impeccable. Le cinéma n'est-il pas " l'art de créer l'émotion ", auraient dit autrefois les Frères Lumière ?

Les premières minutes de lumière sont consacrées au Bourget 2007 (ou " Paris Air Show "). La caméra tourne un insert sur une partie courbée d'un avion ; ailleurs elle nous donne un gros plan sur tel ou tel acteur du salon..., et elle nous conduit alors, sur l'essentiel : les évolutions aériennes. Pour produire un contraste aux prodiges sonores d'un Rafale ou d'un Super Hornet, nous avons aimé, par exemple, ce tout petit oiseau venu se percher sur l'empennage d'un A380 géant. Nous gardons en mémoire le gros plan sur le poisson en bocal sur un stand, raccordé sur fond de business et de démonstrations. D'autres visiteurs du Bourget devraient se reconnaître dans ce film, sous leurs parapluies, pour rappeler, comme nous l'avons fait au sujet du show d'Evreux, que les grandes averses sont souvent de grands moments à vivre dans les meetings.

Dans " Air & Lumière ", notre séquence favorite est celle du salon MAKS 2007 à Moscou. Le plan sur le Su-30 MK en évolutions vectorielles est saisissant. Et comment ne pas rester insensible aux évolutions des " Russian Knights " et des " Strizhi ", lorsqu'ils volent à neuf, en formation " diamant "... Nous reparlerons d'eux en 2009, dans une édition spéciale MAKS 2009 de ce magazine Sky-Lens'Aviation'.
Le public russe est émouvant et assez pittoresque, et la séquence restitue bien les cris de joie typiques des spectateurs de MAKS, assistant aux manoeuvres époustouflantes des chasseurs dont ils ont de quoi être fiers. Cet effet est encore plus réussi sur les images d'un éblouissant feu de leurres éjectées par un Su-27 en début de décrochage, avec un morceau d'orgue pour illustration sonore . Les plans sur les acteurs du grand prix de la FAI ponctuent une séquence de voltige, sur une musique très synchro.

Toutefois la dernière moitié d' " Air & Lumière ", magnifique pour ses images de vols en vallées alpines, me laisse un peu perplexe sur le plan de son découpage. Nous assistons à un meeting situé quelque part en France, pour enchaîner sur celui de la PAF à Salon, puis nous retournons en montagne ; et nous ne savons plus très bien si nous sommes en France ou en Suisse, et dans quel meeting... Il est vrai que cela importe peu, car une fois de plus, c'est bien la performance de l'ensemble qui l'emporte. Le ballet du Breitling Jet Team survolant un lac - que nous aurions aimé pouvoir situer - vient en séquence finale. Et pour conclure le tout, que de poésie avec ce gros plan sur un papillon refermant ces ailes après le passage des Red Arrows à Bex. J'ai été toutefois étonné de voir que le meeting d'Evreux est annoncé au dos de la pochette de ce DVD, alors qu'il a été supprimé du montage. Alors ce film ne couvre-t-il pas un peu trop de meetings, en seulement 52 mm ? Pour le dire autrement, de si beaux rushes mériteraient peut-être un film un peu plus long et chapitré.

Mais le résultat est étonnant. Peut-être pourrait-il servir d'exemple aux étudiants en cadrage. On pourrait suggérer à Lionel Charlet d'utiliser ses rushes sur MAKS 2007 pour nous concocter un film plus long, spécifique à ce salon qui n'a rien d'ordinaire. Vous trouverez en bonus, un clip sur le Breitling Jet Team, et un second sur le (très) bon film ICE Hornet. Mais ce ICE, est une autre histoire dont nous souhaitons reparler.

Pour les amateurs de MAKS, rendez-vous sur ce site web en septembre 2009.