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Centenaire de la Grande Semaine de l'Aviation à Reims. 12/13/2008

 

Centenaire de la Grande Semaine de l'Aviation de 1909, sur la Base Aérienne 112 de Reims - 27 et 28 Juin 2009.

A propos d'un événement annoncé comme grandiose...

Le Centenaire de la Grande Semaine de l'Aviation d'Août 1909 sera célébré les 27 et 28 Juin 2009 sur la BA112 de Reims. En retournant à Bétheny, on peut se demander ce que devient la culture aéronautique, un siècle plus tard, en 2009 ?

C'est en effet, sur les lieux précis de l'ancien aérodrome de Reims-Bétheny - où fut organisé le premier meeting aérien de l'Histoire - que le Fonds des Ouvres Sociales de l'Air, associé à  l'Aéroclub de France, organisera un spectacle présenté comme " unique ", les 27 et 28 Juin 2009. Cet événement fera office de troisième et dernier Meeting de l'Air de la saison 2009, l'aérodrome de Bétheny étant devenu la Base Aérienne 112 de Reims.         

La promesse de cette grande fête aérienne est l'occasion pour nous, de nous interroger sur la place que tient l'aviation dans la culture générale, 100 ans après le premier meeting aérien. Pour se rendre compte du décalage des cultures, il suffit de se replonger dans les reportages d'Août 1909 du journal l'Illustration qui en fit la couverture quotidienne. C'est ainsi, que nous ne tardons pas à découvrir que l'état d'esprit général a bel et bien changé , et que nous vivons peut-être en 2009, une époque étrange, où le supersonique civil a disparu avec la mort de Concorde - engendrant une régression technologique qui n'a pas beaucoup ému les pouvoirs publics -, dans un monde assez bizarre où la conquête de l'Espace ne fait plus, elle non plus, rêver, faute de volontés ! Mais pourtant personne ne pourrait nous faire croire, que les citoyens européens du XXIe Siècle seraient épanouis à un point tel, qu'ils feraient désormais l'abstraction totale des notions de conquête de la distance, de la vitesse, et de toute autre valeur de ce genre. 

On notera par ailleurs, qu'il y a cent ans , le principe de précaution n'existait pas. Ce fameux principe - gravé dans le marbre de nos législations européennes... - nous a enfermé dans une bulle de confort où la sur-protection de l'individu par la collectivité engendre une forme d'apathie collective.  En effet, en 1909, les autorités n'avaient pas empêché les spectateurs de venir voir le meeting sur l'aérodrome de Bétheny,  malgré les mauvaises conditions locales pour accueillir le public : la boue qui s'amassait sur les aires de parkings. Je pense que de nos jours, ce ne serait plus le cas... C'est ainsi que le journal l'Illustration retraçait cette ambiance, laquelle à l'heure actuelle, serait estimée comme chaotique pour donner le coup d'envoi d'un meeting aérien : " La matinée fut relativement maussade. Il avait plu beaucoup la veille ; tandis que nombre d'autos restaient embourbées dans la route d'accès aux tribunes, les aéroplanes, roulant mal sur la piste détrempée avaient peine à acquérir la vitesse nécessaire pour se détacher du sol. Deux ou trois, après des essais imfructueux, furent remorqués par des dragons. Quelques-uns, pourtant, s'enlevèrent vers midi ; Tissandier, Blériot, Lefebvre, passent rapidement devant les tribunes, offrant pour la première fois au public la sensation amusante de déjeuner en regardant des hommes-volants (...) ". Il est vrai que les automobiles n'étaient pas ce qu'elles sont de nos jours. Et il fallait les pousser pour les dégager de la boue, tout comme les avions, et cela n'impressionnait personne...         

 

   

 

En tant que photographe, c'est avec émerveillement, que j'ai redécouvert le témoignage de ce journal. En relatant le vol de Latham sur son Antoinette pendant le meeting, l'Illustration nous dit : " A mesure qu'il s'éloigne, sa silhouette se réduit aux deux ailes, apportant l'illusion complète, absolue, d'un gigantesque oiseau planeur qui se laisse aller au fil du vent (...) Mais ce qui nous impressionna tous encore davantage, ce fut de voir évoluer en même temps les Wright, les Voisin, les Farman, les Blériot, l'Antoinette, se rejoignant, se dépassant, en filant à côté ou au-dessus les uns des autres ; se perdant un instant derrière un vallonnement de la plaine, pour poindre bientôt sous la forme nouvelle que leur prêtait la distance ou le déplacement du soleil. Le ciel avait pris la teinte ouatée qui embellit souvent, après une heure de pluie, la fin du jour ; les collines qui encerclent la piste, en face des tribunes, s'étaient voilées de mauve. Sur cet écran, d'une tonalité délicieuse, les grands oiseaux se détachaient tantôt en gris, tantôt en blanc argenté. Quand le crépuscule s'acheva, comme à l'autre bord d'un lac de Savoie, les collines devienrent une montagne lointaine, imprécise, où l'on distinguait seulement les lumières d'une usine; et à travers la grande pleine déjà dans l'ombre, on vit revenir comme des oiseaux de nuit les derniers aéroplanes. " Illusion optique, illusions d'optiques, miracle chromatique des intempéries, tout ce que Sky-Lens'Aviation' recherche en photographie, y était déjà ! Aurons-nous de la pluie à Reims les 27 et 28 Juin ? On peut pour le moins, espérer un " remake " de cette météo perturbée d'il y a cent ans, pour boucler la boucle du centenaire.         

100.000 spectateurs se rendirent à cette Grande Semaine de l'Aviation, dès le premier jour, le 28 Aût 1909. L'illustration explique comment. Le public se moquait des circonstances et des entempéries ; il était enthousiasmé par ce à quoi il assistait : le miracle de la technologie aéronautique en pleine gestation et en plein mouvement, - "online " dirions-nous de nos jours, sur ce magazine web - ... Il est difficile en 2009 , de s'imaginer ce qu'était l'état d'esprit d'alors, et la foi collective qu'il y avait pour la machine volante dans la société française. Il est compliqué de se rendre compte en 2009, à quel point les exploits de ces nouveaux aéronautes ont pu faire rêver des millions de gens dans les pays industrialisés. L'engouement se manifesta surtout en France, au Brésil (avec Santos-Dumont), et aux Etats-Unis (avec les Wright, et aussi Curtis qui participa à cette Semaine d'Août 1909)..., là où ces avancées ont probablement généré un intérêt certain pour ces engins volants, alors qu'ailleurs dans le monde, on ne croyait encore qu'aux vertus du voyage à cheval, ou du " cheval vapeur " sur rails. Pour s'en rendre compte, il faut citer encore : " De l'autre côté des tribunes, les autos se mirent à rugir, soulevant de petites nuées de mâchefer qui venaient s'illuminer au rayonnement des phares; et, dans ce grouillement intense du luxe se moquant de la distance et de la nuit, on se rappelait le chemin parcouru depuis l'époque peu éloignée où l'on supputait timidement l'avenir du moteur de Dion (...)  . " Depuis le premier vol des frères Wright, le 17 décembre 1903, seulement six années s'étaient écoulées et dèjà, tant de gens s'émerveillaient pour cette nouvelle discipline. (!?)

L'aviation était perçue comme une chance collective, et non comme une source de désagréments, de pollution, ou de nuisances sonores, comme le veut la mode actuelle ; en témoigne encore l'introduction de cet article du 28 Août 1909 : " Nous nous sommes habitués à suivre les progrès de l'aviation comme une conséquence naturelle de l'activité scientifique qui caractérise notre époque ; et il faut des incidents, souvent grossis par des cisconstances accessoires, comme la traversée de la Manche en aéroplane, pour ramener un peu de sain enthousiasme dans nos esprits blasés. " Que ne dit-on pas de nos jours dans les médias de masse, qui présentent l'aviation comme un monde pavé de dangers..., dès qu'il arrive un accident d'avion de tourisme ici, ou là. Et ne nous sommes-nous pas lassés du voyage en avion, avec les billets " low coast " vendus à des tarifs qui dévaluent la qualité de la prestation aérienne, en offrant entre autres, des places à trop de passagers indisciplinés (ou ivres...) qui obligent l'équipage à se poser d'urgence ? Par contre il est plus que probable que ce meeting des 27 et 28 juin prouvera que lorsqu'on propose aux citoyens un spectacle de qualité (avec des avions...), ils s'émerveillent à nouveau. Je suis optimiste, et je prends le pari de voir s'y bousculer 100 à 200.000 personnes qui prouveront qu'elles ne sont pas blasées, et que la plupart des citoyens sont " sains " , et devraient aimer une nouvelle conquête spatiale vers Mars ou ailleurs  ...         

Notons que de cette manifestation de 1909, il nous reste aujourd'hui de nombreuses vues aériennes du terrain de Bétheny prises par Léon Gimpel (*), à bord d'un dirigeable Zodiac III. Gimpel enregistrait des images du terrain à 150 m d'altitude sur ses plaques de verre, comme le ferait de nos jours un caméraman de France Télévision à bord d'un hélicoptère. De la plaque photo utilisée par Gimpel, nous sommes en 100 ans, passés au 24 Mpx numérique (qui sortira à temps chez Nikon pour ce meeting) avec sa suite de traitement d'images... Autres temps, autres technologies... Il ne reste plus qu'à refaire des images sous les mêmes angles et la même perspective que le journal l'Illustration, dans l'idée de rappeler aussi le chemin parcouru par la technologie de l'image en 100 ans...         

(* ) le grand photoreporter national de l'époque, qui plus tard, innova lui-même dans la photo couleur sur plaques, entre autres pour les besoins de la propagande, pendant la guerre de 1914 - 1918, en photographiant des enfants en costumes militaires, à cheval sur des avions de bois...

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