L'aviation soviétique a produit de nombreuses unités de démonstrations aériennes au cours de son histoire. Il faut remonter aux années trentes, pour identifier la première patrouille soviétique, sur Polikarpov I-5, dont le leader était V.A. Stepanchenok. De 1937 à 1940 deux patrouilles dotées de I-16 ont évolué, et après 1945, de nombreuses formations se sont succédées au cours des fêtes aériennes annuelles de Tushino, d'abord sur Lavochkin La-15, puis sur MiG-15 bis, MiG-17, MiG-19 et MiG-21 PF et PFM.

En 1978, puis en 1982, une formation sur MiG-23 dépendant du 234e Régiment de chasse de la garde “Proskurovskii” (devenu 237e Régiment de chasse en janvier 1989...), et stationné sur la base de Kubinka, était reçu en France ainsi qu'en Finlande, dans le cadre de visites de courtoisie. En 1986, le 234e était déjà transformée sur MiG-29 Fulcrum A, lorsque quatre d’entre-eux retournèrent à Rissala en Finlande, pour un nouvel échange avec un escadron finlandais de MiG-21 bis. Cette première démonstration en public, en dehors de l'URSS, fut très remarquée par les observateurs occidentaux. Quelques mois plus tard, cette formation était encore accueillie à Reims par l’escadron de chasse français Normandie-Niemen, tandis que ces Fulcrum, portaient pour la première fois la livrée officielle d'une formation accrobatique en Russie : une nouvelle peinture blanche ornée de flèches bleues. La même année, ce même 237e Régiment “Proskurovskii” (237e TsPAT) montait une seconde formation : les “Russkyie Vityazi”, dotée de Su-27 Flanker, également stationnés à Kubinka. Ceux-ci ne devaient faire leur première apparition médiatique qu’en septembre 1991, aux meetings de la RAF à Finningley et Leuchars en Ecosse, et au-dessus de Buckingham Palace. Pendant ce temps, une troisième cellule de démonstration, les “ Hussards du Ciel ”, dotée de Su-25, apparaissait au sein du “Proskurovskii”.

En 1999, on n’entendait presque plus parler des Strizhi en Europe. Le ballet des Fulcrum n’était pratiquement plus qu’un souvenir de l'histoire des patrouilles russes...

Le 6 mai 1991, la patrouille Mig-29 était officiellement baptisée “ Strizhi ”, (“ Martinets ” en russe). Puis ils firent de très rares apparitions en Europe occidentale : en Belgique, au Luxembourg et plus particulièrement au meeting d’Oulu en 1997 en Finlande, où il se firent remarquer pour avoir improvisé des maneuvres en éjectant des leurres au grand dam des autorités de la base, mais non sans avoir suscité l'admiration du public. En 1999, on n’entendait presque plus parler des Strizhi en Europe, pour des raisons économiques dues au crash du rouble ; l'armée russe réduisait son train de vie, et les" Hussards du Ciel " furent dissous en 1995. Les Su-27 des " Vityazi " volaient encore souvent lors des meetings, alors que les MiG-29 des Strizhi ne participaient plus qu’aux salonx MAKS organisés tous les deux ans, ou alors à de très rares fêtes ou parades organisées en Russie par les aéroclubs du Dossaf ou les forces armées. Le ballet des Fulcrum n’était pratiquement plus qu’un souvenir de l'histoire des patrouilles russes, presque toutes aussi éphémères les unes que les autres...

Alors qu'en 2005, la formation Strizhi semblait avoir disparu des shows aériens, les alouettes des steppes ont de nouveau ouvert leurs ailes.

En 2003, la société RSK MiG vint au secours de la seule formation accrobatique dotée de MiG-29 dans le monde. Plus précisément, la patrouille évoluait avec une dotation de cinq MiG-29 Fulcrum A modèle 9-13 monoplaces, plus un MiG-29 UB biplace, modèle 9-52. Ces appareils conservaient les mêmes types d’équipements que tous les autres 9-13 et 9-52 alors en service dans la chasse russe. Ce fut donc au début de l’année 2003, que RSK MiG Corp. modernisa les Fulcrum de Kubinka en y installant de nouveaux systèmes de navigation et en aménageant ces avions avec une capavité d'emport en pétrole améliorée. Cette opération de mrodernisation permettait aux avions de circuler dans l’espace aérien international. Par ailleurs, le 237e tira profit de cette révision générale de ses avions, pour leur affecter une nouvelle livrée intégrale. Ainsi les Fulcrum furent ornés de nouvelles couleurs : blanc et rouge pour les extrados - et rouge (couleur étoile rouge) pour les intrados ; en prime, un oiseau bleu était superposé à ces couleurs, sur les extrados comme sur les intrados : le fameux martinet, oiseau emblématique de la culture populaire russe.

Alors qu'en 2005, la formation Strizhi semblait avoir disparu des shows aériens. les alouettes des steppes ont de nouveau ouvert leurs ailes, en participant à trois événements majeurs hors de Russie, avec leurs montures ornées de l’oiseau bleu : Zhuhai (Chine) en automne 2004, Al Ain (EAU) en janvier 2005 où seuls deux MiG participaient en volant en duo avec deux Su-27 des " Vityazi ". En septembre 2005, cinq MiG-29 ont relié l’aéroport de Brno, au départ de Kubinka sans escale, précédés d’un Il-76 acheminant le soutien technique. Mais le 27 juillet 2006, le biplace n°01 des Strizhi s'est écrasé peu après son décollage près de Perm, au cours d'une escale de convoyage des six avions vers le meeting de Tyunmen. Le Colonel Dyatel, vétéran des Strizhi, s'est éjecté, mais il a pu reprendre ses vols malgré une hospitalisation. Cet automne le biplace perdu a été remplacé par un autre biplace ne portant pas encore les couleurs de la formation, et la plupart des shows des martinets d'automne 2006, ne se sont déroulés qu'à quatre ou cinq jets. Malgré tout, l'annulation de la participation annoncée des Strizhi à Brno en 2006, ne relève que d'une décision de l'administration russe.

Une constante des patrouilles accrobatiques russes, c'est que très souvent, la série ne se déroule qu'avec quatre avions uniquement.

Les Strizhi effectuent plusieurs types d'évolutions : à quatre, ou bien à cinq, ou six avions, ce qui ne pose aucune difficulté pour des pilotes de voltiges aguerris. En effet leur spectacle se déroule invariablement sur la même série de figures, et ce, quel que soit le nombre d’appareils engagés. Typiquement, le décollage se fait en boxes de deux avions. Ensuite, la formation est assemblée, avec les intérieurs droit et gauche qui viennent se positionner sur les flancs du leader, suivis des extérieurs droit et gauche, et enfin le charognard. Généralement, la formation signe son arrivée avec six avions, en formation de flèche avec post-combustion, et en éjectant des leurres thermiques le long de la foule. Puis les Strizhi réalisent une pyramide à six avions face au public, et enchaînent les séquences suivantes : loopings et passages divers, loopings inclinés à 75 degrés par rapport à la ligne d’horizon, tours complets à 360 degrés du plus bel effet, étant donné que chaque MiG-29 trace le ciel de ses quatres vortexes. Puis la formation pratique un dernier passage à 180 degrés à fort facteur de charge, et du plus bel effet. Le show se poursuit avec des tonneaux barriqués en groupe, puis rénouvelés de manière individuelle. C’est l’éclatement face au public qui conclue la formation à six avions : tous les MiG-29 “tirent” 7 à 8 G en grimpant à la verticale. 

Une constante des patrouilles accrobatiques russes, c'est que très souvent, la série ne se déroule qu'avec quatre avions uniquement, sans les deux extérieurs. Notons que lors de nombreux meetings organisés en-dehors de Russie, le spectacle des Strizhi se limite à ce clan de quatre, en formation diamant, que les pilotent nomment “Romb”: certains meetings n’ont en effet pas les moyens de sponsoriser six avions. Mais dans tous les cas, le “Romb” est leur formation de base, et les deux extérieurs ne viennent qu’en complément de ce “Romb”... D’ailleurs la série de figures restant la même, à quatre ou six avions.., cela facilite les programmes d'entraînement à Kubinka. Autre particularité russe, le leader termine la série en solo, généralement en éjectant des leurres en signe de salut final à la foule. D'ailleurs, les Strizhi n’emploient pas de fumigènes ; c’est l’effet sonore des réacteurs Tumansky RD-33, conjugué au tracé des vortexes blancs dans les cieux qui font tout le spectacle.